Il est parti sur la pointe des pieds, sans faire de bruit, avec sa belle discrétion habituelle.
Ces dernières semaines, jamais il ne s’est plaint, faisant de cette épreuve encore une occasion de grandir. Il s’est posé les bonnes questions, celles qui permettent de partir en paix.
Il a échangé, dit à tous ce qu’il avait à leur dire, et chacun a pu lui témoigner son amour, sa reconnaissance ou son bonheur d’avoir eu la chance de l’approcher, de le fréquenter.
Il est des heures ou la pudeur n’est plus de mise.
Jean-Jacques, c’est la générosité, la fraternité, le talent sans limites. C’est 40 kilos et un coeur qui envoient tout sur scène. C’est immanquablement le chorus pertinent, époustouflant et toujours mélodieux. C’est le musicien qui demande le texte d’une chanson avant de l’accompagner, c’est les flacons d’huile d’olive juste parce qu’un jour on lui a dit qu’on aimait ça.
Son magnifique humour, il l’a gardé jusqu’au bout, explosant de rire lorsque Joel lui a dit : « tu fais chier de nous abandonner, on vient de refaire imprimer les affiches ».
Jean-Jacques, c’est le musicien timide qui est entré dans notre vie, il y a une dizaine d’années, presque en s’excusant. C’est le compagnon de route, le partenaire de scène qui a pris sa place tout doucement, faisant de chaque chanson un bonheur total, de chaque voyage un vrai instant d’amitié. C’est l’ami, le complice, le frère.
D’autres musiciens monteront sur scène aux côtés de Joel, mais pas un seul ne prendra ta place.
Léo Favreau
Je suis triste. J’ai perdu un véritable ami, un grand artiste comme il y en a peu.
J’ai toujours eu une admiration et un grand respect pour Jean-Jacques.
Il nous a quitté mais il restera dans nos coeurs pour toujours.
Ce soir, je vais jouer plus que jamais pour lui. C’est la plus belle prière pour nous les musiciens.
Je suis certain que son âme a déjà rejoint celle de Chet Baker, Bill Evans, et des belles personnes qu’il aimait.
Richard Galliano
Biographie
« Jean-Jacques est plus qu’un surdoué de la musique !
Né en Septembre 1955 dans une famille nombreuse et modeste, il a suivi le cursus du conservatoire de Bordeaux d’où il est sorti médaillé, flûte et solfège.
Son père, qui a su déceler en lui un talent exceptionnel, lui a fait suivre clandestinement (pour le conservatoire) des cours d’accordéon.
“Souffrant d’une modestie quasiment maladive“, il a quand même été remarqué par Jean Pierre Bisson avec qui il a composé et joué des musiques de scène au Théâtre des Amandiers à Nanterre, à Paris au Festival d’Automne et au Théâtre de la Renaissance, puis au Théâtre de Nice.
Il a participé aux enregistrements de l’album de Zizi Jeanmaire, et au spectacle de Roland Petit à l’Opéra Bastille.
Et en 2008, il a joué en alternance avec Romain Romanelli dans la comédie musicale « Don Quichotte et l’ange bleu » de Jérôme Savary au Théâtre de Paris.
Richard Galliano m’accompagnait sur scène, et lorsque sa carrière ne lui en plus laissé la possibilité, j’ai demandé à Richard qui pouvait le remplacer.
Richard m’a répondu : “Il y a un musicien à Nice, je suis allé l’écouter, et il m’a impressionné“…
J’ai immédiatement pris contact avec Jean-Jacques, et cela fait maintenant dix ans que nous tournons et enregistrons ensemble. Il m’accompagne dans le monde entier, dans le spectacle de mes chansons, mais aussi dans “Salut Brassens“.
C’est un véritable bonheur de partager la scène avec celui que je ne considère pas comme un accompagnateur, mais comme un partenaire.
A chaque spectacle, le public acclame Jean-Jacques, et comme il est très timide, je dois parfois le séquestrer sur scène pour l’empêcher de fuir les applaudissements ».
Joel Favreau



